« Ouvrir la voix, Ouvrir la voie »

Former les professionnels de santé au diagnostic et à la prise en charge des maltraitances et violences faites aux femmes

Parallèlement au DIU et aux formations courtes, nous avons créé un format très court (1h), destiné à une diffusion très large pour créer le déclic. Ce kit de sensibilisation sur les conséquences médicales des violences faites aux femmes et aux enfants a été réalisé en 2020/2021 grâce au soutien de la fondation HRA Pharma. Il est destiné à mobiliser les soignant·es à se former sur l’aspect médical de ce phénomène. En effet, les conséquences sur la santé somatique des violences subies dans l’enfance, ou en tant que femmes, continuent d’être ignorées malgré leur ampleur. Par ailleurs, le sujet des « violences obstétricales » a été largement médiatisé depuis juin 2018. Il est temps de créer un déclic de grande ampleur.
Il s’agit avec ce kit d’analyser et synthétiser, en tenant compte des paroles des femmes victimes et des soignant·es formé·es, ce qui se joue dans nos professions afin d’améliorer nos pratiques. Nous diffusons depuis quelques mois ce kit, gratuitement, à toutes les équipes de soignant·es intéressées.
Un Maillon Manquant se propose ainsi de mailler le territoire pour qu’il y ait, partout et dans tous les champs professionnels, des soignant·es sensibilisé·es et mobilisé·es pour la bientraitance en périnatalité et en santé plus largement.

Le projet nécessite très logiquement aujourd’hui la construction d’un corpus de formations courtes de deux jours, spécialisées par métier (Peer-to-peer learning). Celles-ci sont conçues et dispensées par six binômes de formatrices, diplômées du DIU et disposant d’un certificat de compétence en entreprise de formateurs (CCE) certification enregistrée au répertoire spécifique de France Compétences :
Médecins généralistes, médecins urgentistes, gynécologues obstétriciennes, kinésithérapeutes, sages femmes, infirmières diplômées d’état. Ce corpus de formation permet de démultiplier en collaboration avec des organismes de formations professionnelles médicales, la diffusion de la spécificité des connaissances au niveau national et international en Francophonie.

En partenariat avec deux universités de médecine (Paris Université et Université Grenoble-Alpes), avec des confrères et consœurs de renom, nous avons mis en place en 2017/2018 le diplôme inter universitaire (DIU) : Prise en charge des violences faites aux femmes, vers la bientraitance.
Cette formation est reconduite chaque année universitaire. Les inscriptions s’ouvrent avant l’été en direction des médecins généralistes, gynécologues obstétriciens et médicaux, pédiatre, mais aussi des sages-femmes et kinésithérapeutes spécialisés en rééducation du périnée. Les soignants y apprennent à repérer et accompagner les femmes maltraitées. Ils construisent un maillage de liens interprofessionnels qui leur permet de ne pas rester seuls avec ces situations complexes.

 La violence faite aux femmes est un problème mondial de santé publique d’ampleur épidémique. Elle a des conséquences majeures sur la santé physique et psychique des femmes et de leurs enfants. Un rapport de 2013 de l’Organisation mondiale de la santé annonce qu’environ une femme sur quatre est concernée en Europe de l’Ouest.

Dans plus de la moitié des cas, ces femmes ont subi les premières violences, sexuelles, physiques ou psychologiques avant l’âge de 18 ans. En France, en 2015, 62 000 femmes entre 20 et 69 ans, vivant en ménage ordinaire, ont subi un viol ou une tentative de viol (enquête VIRAGE ; Violences et rapport de genre ; INED 2016). Avec plus ou moins d’âpreté, ces violences s’inscrivent le plus souvent dans le déni de la société, y compris celui des femmes elles-mêmes, qui ont peur et honte.

C’est souvent vers des médecins ou d’autres soignants que les femmes cherchent un soutien ou un secours en cas de maltraitance. Or, bien que des lois françaises et européennes, votées en 2014, obligent à une formation les professionnels de santé au contact de victimes et bien qu’un item (sur 345) sur le sujet soit proposé depuis peu (2016) au concours national classant des internes, les études et les expériences démontrent une carence évidente de prise en charge des violences faites aux femmes.

Ce maillon qui manque…

Ma pratique de 35 années en tant que gynécologue obstétricienne clinicienne m’a ouvert les yeux. Au plus près du corps et du sexe des femmes, j’ai vu et entendu la souffrance de ces femmes violentées. J’ai mesuré l’ampleur du stress post-traumatique et des séquelles inscrites dans leur corps, leur psyché et leur vie. Cette expérience, cette prise de conscience ainsi que des formations suivies m’ont amenée à la conviction qu’il faut lever les barrières du secret, plus encore du tabou et réagir : comment faire pour que les médecins et tous les professionnels de santé soient réellement capables d’une prise en charge optimale et bienveillante des patientes victimes de violences ?

Un maillon qui ne manquera plus…

L’association « un maillon manquant », fondée autour du diplôme inter universitaire, a réalisé en 2020, un kit d’action de mobilisation des soignants pour les inviter à se former sur les conséquences des violences à l’encontre des femmes et des enfants sur leur santé et singulièrement sur leur santé sexuelle et reproductive.

Dre Perrine Millet

Gynécologue obstétricienne retraitée
Présidente de l’association

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